SORTIR DE L’INFORMELLE
Notre économie est particulièrement caractérisée par les activités du secteur informel.
D’après le « The Long Shadow of Informality: Challenges and Policies » rapport de la Banque mondiale sur le poids de l’informalité et ses conséquences pour une reprise économique privilégiant sur le long terme un développement vert, résilient et sans exclus, cette étude montre que le secteur informel représente plus de 70 % de l’emploi total dans les économies émergentes et en développement et contribue à pratiquement un tiers du PIB.
En observant bien le phénomène, on remarque que l’économie informelle constitue pour plus d’un ; un mode de vie, voire de survie, de la population urbaine, pour laquelle elle permet la satisfaction de besoins fondamentaux : se nourrir, se loger, se vêtir, se former, se soigner, se déplacer.
Comprenons bien ce qui caractérise ce phénomène.
Le secteur informel est officiellement défini comme « un ensemble d’unités produisant des biens et des services en vue principalement de créer des emplois et des revenus pour les personnes concernées. Ces unités, ayant un faible niveau d’organisation, opèrent à petite échelle et de manière spécifique, avec peu ou pas de division entre le travail et le capital en tant que facteurs de production. Les relations de travail, lorsqu’elles existent, sont surtout fondées sur l’emploi occasionnel, les relations de parenté ou les relations personnelles et sociales plutôt que sur des accords contractuels comportant des garanties en bonne et due forme» (BIT, 1993).
Dans cette définition du Bureau International du Travail (BIT), on retrouve déjà quelques éléments caractéristiques du secteur informel notamment :
- Le secteur informel crée de l’emploi et du revenu pour les personnes concernées
En d’autres termes, les personnes du secteur informel créent de l’emploi et du revenu seulement pour elles même.
- Les activités du secteur informel ont un faible niveau d’organisation.
En fait on remarque que dans les structures qui reposent sur ce phénomène il n’y a pas une véritable hiérarchie des attributions et des rôles. Le promoteur joue très souvent tous les rôles et endosse tous les postes.
- Les acteurs du secteur informel opèrent à petite échelle sans division entre le travail et le capital en tant que facteurs de production.
Les facteurs de production sont des ressources matérielles, et humaines utilisées dans le processus de production. Dans les activités du secteur informel on différencie difficilement le capital et les dits facteurs de productions.
- Les activités du secteur informel offrent des emplois occasionnels, basés sur des relations de parenté, personnelles plutôt que sur des accords contractuels
Une autre définition de l’économie informelle par le BIT :
Le terme «économie informelle» se réfère à toutes activités économiques exercées par des travailleurs et des unités économiques qui – en vertu de la législation ou de la pratique – ne sont pas couvertes ou sont insuffisamment couvertes par des dispositions formelles. Ces activités n’entrent pas dans le champ d’application de la loi, ce qui signifie que ces travailleurs et unités opèrent en marge de la loi; ou bien ils ne sont pas couverts dans la pratique, ce qui signifie que la loi ne leur est pas appliquée alors même qu’ils opèrent dans le cadre de la loi; ou bien encore la loi n’est pas respectée parce qu’elle est inadaptée, contraignante ou qu’elle impose des charges excessives.
De cette définition, il ressort que les activités du secteur informel opèrent en marge de la loi, ne respectent pas la loi, ou trichent avec la loi.
Cette remarque est importante car plusieurs entreprises légalement constituées évoluent dans le secteur informel malgré tout, car toutes les caractéristiques du secteur informel s’appliquent à elle.
Au-delà du fait que ce secteur contribue peu aux dépenses publiques locales, et que par conséquent le gouvernement encourage les uns et les autres à quitter l’informel ; il est important pour tout entrepreneur qui pense à la croissance de sa structure de mettre tout en œuvre pour sortir de cette économie.
- Sortir de l’informel ouvre la porte au financement bancaire, et aux subventions. Pouvoir accéder au crédit bancaire pour améliorer votre capacité de production est un atout pour voir grandir la taille de votre structure.
- En tant que travailleur, il est important de penser à ses vieux jours, et à la possibilité d’obtenir une couverture sociale pour soi et pour ses employés.
Comment sortir de l’économie informelle ?
- Se mettre en coopérative
Une des causes majeures du développement du secteur informel dans notre environnement est la précarité des moyens financiers pour booster les activités économiques. La coopération est un moyen de palier à ce manque. En se mettant en collaboration avec d’autres petites structures qui évoluent dans les mêmes segments, on gagne en force et avec suffisamment de confiance dans le nouveau groupe formé et de rigueur au travail on peut passer à un niveau supérieur de production.
- Aller vers les centres de gestion agrée
Les centres de gestion agrée disposent d’un agrément de la part des services fiscaux pour pouvoir exercer une mission d’assistance aux petites et moyennes entreprises en matière de comptabilité, de fiscalité et de gestion. Ces centres peuvent accompagner dans la formalisation des structures, et par la suite assurer la gestion comptable et fiscale qui est une phobie pour plusieurs entrepreneurs.
- Travailler avec les microfinances
Les banques ont des contraintes multiples et élevées qui ne correspondent pas aux besoins et aux possibilités des petits business. Il est préférable d’essayer d’évoluer avec les microfinances qui sont plus flexibles.
*Photo by Africa Innovation Network